Assise sur mon bureau, tenant mon stylo et regardant la
feuille blanche devant moi, je ne trouve pas un sujet pertinent et attirant
pour en parler. Ou plutôt je ne trouve pas un sujet qui mérite qu’on en parle. C’est
faux ce que je dis, disons que ce n’est qu’un prétexte parce que je ne trouve
rien à écrire. J’ai la tète vide, cette expression résume mon cas.
A cet instant-la, papa est passé me voir dans ma chambre. Du coup,
sa présence m’a donnée une inspiration immense. Les regards qu’il vient tout
juste de me jeter, m’ont donné une grande envie de parler de lui. Enfin, un
sujet ! Et il mérite vraiment qu’on en parle.
Je ne vais pas tout vous dire à propos de mon père et moi,
parce que je considère notre relation comme une grande histoire d’amour, et
c’est mutuel je vous signale. Et comme vous savez, chaque couple cache des secrets,
mais vous savez certainement que chaque couple jouit d’une réputation assez
étroite dans le bled. Et c’est notre cas.
A Kairouan, on est bien connu. Primo, pour la bonne relation
qu’on entretient. Secundo, pour l’amour partagé entre nous deux. Et tertio pour
la grande confiance que m’octroie mon père. Chose qui me pousse à avancer mais
qui m’empêche, certes, de commettre des bêtises enfantines.
Au début, je me disais que notre relation st bien normale. Vu
que le père et la fille doivent être génétiquement amoureux l’un de l’autre.
Mais ma relation avec papa a attiré mon attention au moment ou j’ai remarqué
celle de mes amis avec les leurs. Je vais vous l’expliquer. La relation
qu’entretient mon ami avec son père est bel et bien froide. Il y’a de l’amour,
c’est évident. Mais il n’ya pas de moments d’amour, il n’ya pas de preuves. C’est
bien attention, c’est connu. Et rien n’est spécial. Or ma relation avec lui est
vraiment différente de la sienne. Elle est d’une singularité notoire. Tout le
monde en parle.
Entre lui et moi, il y’a de la chaleur d’amour, il y’a de l’amitié,
il y’a de la confiance, il y’a des preuves d’amour, il y’a des moments d’amour,
des petits mots, des petites secrets. Il y’a une base sur laquelle on a
construit tout cela. Il y’a tout d’abord, un amour paternel puis on a avancé et
il y’a eu une amitié. On n’a pas brulé les étapes mais on est arrivé la ou on
devait arriver. Sachant que l’amitié aboutit parfois à l’amour. Et c’était
notre cas. Et il y’avait encore une chose qui me poussait à l’aimer. C’était sa
deuxième face, celle de professeur de français. Il «était également mon
professeur durant 3 ans. J’ai découvert en lui, un être imbibé d’énergie. Un être
qui adopte carrément ses élèves et qui veut faire d’eux des élites, des lauréats,
des intellectuels. Cet homme là incarne deux rôles. Celui d’un professeur de français
et celui d’un père de famille. Il a bien su joué le jeu et voila encore une
raison pour l’aimer.
Ce que je suis devenue aujourd’hui ne peut être que grâce à lui,
commençant par le jargon que j’utilise. Mais aussi par ma façon de parler, mon
comportement avec les autres, ma mentalité, mon caractère …
Je suis tellement tombée sous son charme que j’ai commencé à l’imiter.
Mais comme le dit le fameux dicton : imité mais jamais égalé.
Pour moi, mon père est un exemple à suivre, un dieu à prier. Il
est mon guide tout simplement.
Je me
rappelle qu’en 2009, je lui ai prouvé mon amour avec un geste très simple mais
aussi émouvant que symbolique. C’était le jour de son anniversaire, le jour ou
il devina quinquagénaire, et comme par hasard, on assistait à ne cérémonie de mariage.
J’ai profité de cette occasion pour lui jeter des fleurs. Je lui ai adressé un
petit article, très modeste avec d’innombrables fautes de grammaire, accompagné
de la chanson de Jacques Brel « ne me quitte pas ». Je l’ai chantée avec
une voix assourdissante puisque j’étais encore débutante dans ce domaine.
Toutefois, j’ai remarqué que mon père avait les yeux larmoyants, ca ne peut être
que des larmes de joie, parce que plus beau que ca, on ne trouve pas. Et depuis,
cette chanson devient la notre, notre hymne. Mais je tiens à vous dire, en
guise de conclusion, que papa a tenu à ses paroles. Il ne m’a jamais quittée.